Le 25 août dernier, le Sheriff Tiraspol réalisait un exploit sans précédent pour devenir la toute première équipe Moldave à se qualifier à la phase des groupes de la Ligue des Champions européenne après avoir battu (3-0) sur l’ensemble des deux matchs de barrages face au Dinamo Zagreb. Basé en Transnistrie, région séparatiste reconnue à […]
Le 25 août dernier, le Sheriff Tiraspol réalisait un exploit sans précédent pour devenir la toute première équipe Moldave à se qualifier à la phase des groupes de la Ligue des Champions européenne après avoir battu (3-0) sur l’ensemble des deux matchs de barrages face au Dinamo Zagreb.
Basé en Transnistrie, région séparatiste reconnue à ce jour par aucun membre de l’ONU, le club de Sheriff fondé par un ancien agent des services secrets russes est allé plus loin en prenant la tête de leur groupe après deux matchs joués dans la compétition, en glanant deux victoires dont une historique victoire à Madrid devant le Real Madrid, l’équipe à 14 Ligues des Champions.
Alors comment cette équipe est devenue le premier club moldave à se qualifier, puis à remporter un match de poule de la Ligue des Champions ? Comme d’habitude dans notre rubrique « comptes de foot » en partenariat avec MyFooty notre fournisseur de coque de foot, voici un retour sur l’histoire atypique de ce club qui prend sa force de l’envie géopolitique de toute une région.
Le cadre historique
Pour prendre la mesure réelle de l’exploit réalisé par ce club, il faut retourner 100 en arrière. Cela a commencé le 30 décembre 1922, date de la création de l’Union soviétique (URSS) et rapidement, l’URSS va afficher des ambitions géopolitiques importantes dans sa région. Dans cette optique, les dirigeants soviétiques souhaitent que la Moldavie, Etat indépendant depuis 1917, redevienne un Etat membre de l’Union, sauf qu’en même temps la République démocratique de Moldavie venait de voter son rattachement à la Roumanie.
En réaction, en 1924, l’URSS a décidé de refuser ce rattachement et créa ainsi dans la région de Transnistrie en Ukraine, la République Socialiste Soviétique de Moldavie (RSS de Moldavie) et la rattache à la République socialiste soviétique de l’Ukraine qui lui appartient. Le peuple moldave est ainsi divisé entre deux régions, soit deux Etats différents.
Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, la situation étant restée statistique, l’URSS décida en 1940 d’annexer la RSS de Moldavie qui devient une région à part entière de l’Union, et donc plus rattachée à l’Ukraine. Commencent dès lors des tentations de socialiser la Moldavie en admettant le russe comme langue officielle du pays. A cette époque, la ville de Tiraspol, située en Transnistrie, devient la capitale économique et industrielle du pays au dépens de Chisinau, sa capitale politique.
La naissance de la Transnistrie
Tout bascule finalement en 1991, lors de la chute de l’URSS : la Moldavie quitte l’Union le 27 août de la même année et devient ainsi indépendante en faisant du roumain sa langue officielle. Ce choix si fort n’était pas au goût des habitants de la Transnistrie, majoritairement russophone, va entraîner alors une scission au sein de la Moldavie puisque la Transnistrie va à son tour déclarer son indépendance devant ainsi la République Moldave du Dniestr.
Un conflit éclate alors entre les deux Moldavie, la première souhaitant récupérer par la force la seconde. Le combat dure 4 mois au cours desquels la Transnistrie, soutenue par la Russie, ne cède pas et obtient un cessez-le-feu statuant sur un statu quo encore en vigueur aujourd’hui qui maintient l’indépendance de la Transnistrie. Toutefois, la région n’est toujours pas reconnue comme Etat ni par l’ONU, ni par aucun de ses Etats membres.
Aujourd’hui, cette région est considérée comme région autonome de la Moldavie, même si en pratique, elle opère comme un Etat fantôme non reconnu et composé d’un tiers de Moldaves, un tiers d’Ukrainiens et un tiers de Russes. D’ailleurs, la Russie la soutient et maintient des liens forts pour maintenir la présence russe dans l’ex espace soviétique de l’Europe de l’Est afin de confirmer la puissance russe dans la région. Mais, qu’est ce qu’il en est du Sheriff Tiraspol dans toute cette histoire ?
Le Sheriff Tiraspol, vitrine d’un Etat fantôme ?
Région autonome politiquement et hub économique de la Moldavie, la Transnistrie a vu apparaître un nouveau club de foot en 1997, à savoir le Sheriff Tiraspol fondé par Viktor Gushan, ancien membre des services secrets russes. Ce dernier, qui contrôlait déjà la majeure partie des plus grandes entreprises de la région tout en la dominant politiquement, va offrir à ce club un apport économique démesuré par rapport à ses concurrents du championnat moldave. A noter que le Sheriff a intégré le championnat moldave même si sa région y est indépendante et l’a dominé en gagnant 19 titres de champions et 10 coupes locales sur les 25 dernières années.
Soutenu par cette énorme machine économique, le Sheriff avait le privilège de compter de nombreux joueurs étrangers dans son rang, à contrario de ses concurrents. Il bénéficie également d’installations de très grande qualité, à l’image des 19 terrains d’entraînement pour toutes les catégories du club.
Pourquoi tant d’argent investi dans ce club ?
Si le Sheriff Tiraspol bénéficie d’un réservoir économique colossal, c’est parce qu’il apparaît comme un enjeu géopolitique crucial dans les revendications d’indépendance et de rattachement de la Transnistrie à la Russie. D’ailleurs, on entend clairement divers chants pro russes émerger des tribunes du club à l’occasion de ses matchs.
C’est de ce fait normal que ce club soit considéré comme la vitrine de la Transnistrie en Europe, notamment lorsqu’il participe à l’Europa League ou, comme le cas aujourd’hui, à la Ligue des Champions. Les récents résultats sportifs du club ont fait parler de ce club sur la scène continentale, et donc de sa région qui a obtenu l’honneur d’accueillir les stars de grands clubs comme le Real Madrid et l’Inter de Milan sur ses terres. Le Sheriff Tiraspol remplit ainsi son premier objectif, celui d’offrir à cet État fantôme une visibilité européenne dont elle ne rêvait même pas.
A la fin de cette analyse, nous tenons à remercier également le compte youtube « Val Foot » qui nous a tellement inspiré pour compléter son analyse à ce sujet. Si l’histoire de ce club vous a plu, vous pouvez bien en faire un petit souvenir en vous offrant, par exemple, une coque de foot personnalisé à ses couleurs. Les coques Real Madrid- et coques Inter de Milan sont déjà disponibles chez notre partenaire.
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